Personne n’en parle plus et pourtant ce fut l’événement marquant de l’hiver : la grippe H1N1. Alors que celle-ci poursuivait sa prolifération dans l’Hexagone (près de 4 millions de victimes depuis le début de la pandémie) et que son vaccin suscite la polémique, que pensaient les jeunes, cible préférée du virus, de la pandémie et des anticorps vivement préconisés par le gouvernement ?
Reportage effectué en janvier à la sortie d’un lycée parisien…
Ils sont unanimes. La grippe A est le dernier de leurs soucis. A la pause déjeuner, devant le lycée privé de Notre- Dame de Sion situé au cœur du VIème arrondissement de Paris, pas de stress ambiant. Les rires, entre deux volées d’écharpes, fusent et les conversations adolescentes vont bon-train. La pandémie n’est donc pas source d’angoisse pour ces jeunes ? « Alors là, pas du tout !, s’empresse de répondre un petit groupe de la 1ère scientifique, ça nous inquiète absolument pas. Tout le monde en fait un drame et on se focalise sur les morts, tout ça c’est médiatique, et à la rigueur, si on l’a c’est pas catastrophique, la grippe saisonnière fait beaucoup plus de morts tous les ans ! » Les lycéens y voient moins un sujet d’appréhension qu’un sujet de blagues et de boutades envers ceux qui ont contracté la bête noire.
Axel, jeune de 17 ans au franc-parler, suscite gloussements et interrogations excitées en lançant à son assemblée féminine « En plus les vaccins ils viennent de Chine ! » On ne lui demandera pas le rapport ni la véracité de son propos, mais lui, semble avoir des avis bien définis sur la politique de vaccination menée par les dirigeants politiques : « Forcément, le gouvernement a 93 millions de vaccins sur les bras, il faut bien qu’il s’en débarrasse. »
Sur cette question des vaccins, encore une unanimité dans les avis : ils ne voient pas l’intérêt de l’injection immunisante, alors que les files d’attentes s’allongent devant les centres de vaccinations et que ces derniers ne cessent d’élargir leurs horaires d’ouverture. Pour certains pourtant, pression et inquiétude parentale obligent, le vaccin ne pourra être évité. C’est le cas d’Adelaïde et de Marianne, la cigarette au bec : « On va le faire mais on n’a pas choisi. Personnellement on n’a pas envie mais ce sont nos parents qui ont peur. » Contrairement aux premières, les parents respectifs de Natacha et Axel leur laissent libre-décision : « Mes parents n’ont pas d’avis fixe sur la question donc ils me laissent le choix, explique Natacha, moi je n’ai pas envie. Mais par exemple, mon frère, lui, s’est fait vacciner car il est en prépa donc il ne peut pas se permette de rater une semaine de cours », avant d’ajouter sceptique, « tout est trop rapide, ce vaccin vient tout juste de sortir, on ne sait pas ce qu’il y a dedans. »
Point d’inquiétude donc chez ces adolescents, pourtant au cœur de la tranche d’âge la plus sensible face au virus. Une sérénité peut-être liée à un quasi-silence de la part du corps professoral : « A Sion on n’est pas plus informés que ça, ils nous en ont parlé au début mais ce n’est plus vraiment le cas maintenant. On sait juste qu’il y aura deux journées où on pourra se faire vacciner au lycée » expliquent-ils. Alors que le fléau virulent fait couler de l’encre et délie les langues, les 16-17 ans préfèrent s’époumoner sur une échéance bien plus palpitante : le baccalauréat.