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Россия in Memoriam

27 octobre 2009
Posté Actualité, Attualità, Fiori
de Marie-Laetitia Catta

ruines-russes 2

Plantées au milieu du no-man’s-land de la steppe mongole, des barres d’immeubles surgissent ça et là sans que l’on s’y attende. Héritage d’une période pendant laquelle le pays de Gengis Khan était sous domination soviétique, ces constructions désertées depuis presque 20 ans tentent de résister à la destruction anarchique qu’en font les Mongols.

Pour avoir été une ancienne base aérienne et zone industrielle soviétiques, les environs de Choïbalsan1 regorgent encore de toutes les ruines de la période faste de notre chère et regrettée URSS. Chose étrange, mais qui au fond était bien stratégique, les Russes ont choisi les endroits les plus isolés pour construire leurs villes nouvelles au cours des années 70-80 en vue de loger les soldats de l’armée rouge et leurs familles.

On trouve ainsi à 2, 5, ou 50 km de Choïbalsan des restes de « nouveaux quartiers » réservés aux Russes. Ils étaient construits sur le même site que l’usine (d’armement), la mine ou la base militaire où venaient travailler la population. Plus que des quartiers, il semble que se soient des villes entières qui aient été construites avec tous les éléments qui peuvent en composer une. On pourrait presque tout reconstituer. Et tout ça, avec pour seul matériau : le béton. Les Russes ont pu montrer ici à quel point ils en étaient les rois.

Vues de Choïbalsan, ces ruines sont comme des fantômes rodant autour de la ville, des gardiens de la mémoire. ruines-russes 1 Se balader au milieu des ruines c’est se retrouver dans un autre monde – après celui de Choïbalsan -, voyager dans un autre temps, 30 ans en arrière. On est envahi par un sentiment étrange, tant on sent l’esprit soviétique encore présent. On se demande si la guerre est passée par là tellement le désordre y règne. Les habitants semblent avoir fui du jour au lendemain sans prévenir, quittant tout précipitamment. Mais en fait non, ce sont seulement les Mongols qui détruisent, encore aujourd’hui, les immeubles. Ils récupèrent les matériaux qui serviront à reconstruire d’autres bâtiments.

Ces vestiges « historiques » ont quelques fois un petit air de ruines antiques, à la différence que rien n’est préservé, au contraire, et que dans quelques années il n’en restera sûrement plus grand-chose.

1 Choïbalsan est le chef lieu du département de Dornod (Est en mongol), situé à l’extrême nord-est de la Mongolie extérieure. Une voie ferrée relie la ville au trans-mongolien. Choïbalsan fût une sorte de Stalingrad : le personnage de Choïbalsan, après avoir été moine (bouddhiste), a pris à bras le corps la cause marxiste et devînt aussi tyrannique que Staline en organisant un grand nombre de purges…



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